CARREFOURS DE L'ÉDUCATION N°58 (2/2024)
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Depuis les années 2000, la Suisse affermit un mouvement intégratif devant permettre aux élèves ayant des handicaps physiques sévères de fréquenter la classe ordinaire. Le présent article s’appuie sur les résultats d’une ethnographie des trajectoires biographiques de joueur·euses d’unihockey en fauteuil électrique en Suisse. Il montre que dans les trajectoires scolaires des participant ·es, les instances en charge de l’intégration des élèves handicapé·es reproduisent les catégories socio-assurantielles de l’« intégrabilité » et de la « non-intégrabilité » au sein de l’école. Dès que l’école intégrative n’est plus adaptée aux besoins des élèves ayant des handicaps physiques sévères, ils·elles vivent une transition institutionnalisée vers l’école séparative. Nous présentons le processus de cette transition presque toujours définitive. Nous décrivons ensuite les expériences paradoxales, aussi bien de l’école intégrative que de l’école séparative, des participant·es. Il ressort des discours que leurs trajectoires scolaires ont été inéluctablement infléchies, ceci restreignant leurs choix de vie, notamment de (non-)activité sur le marché primaire de l’emploi.
Since the 2000s, Switzerland has established a pro-inclusion movement to enable students with severe physical disabilities to attend mainstream classes. This article draws on the results of an ethnographic study on the biographical trajectories of unihockey players in electric wheelchairs in Switzerland. It demonstrates that during the course of participants’ schooling, the bodies responsible for the inclusion of disabled students replicate the social insurance categories “eligible for inclusion” and “not eligible for inclusion” in schools. When an inclusive school is no longer able to cater to the needs of students with severe physical disabilities, these students undergo an institutionalised transition to separate special schools. We present the process involved in this transition, which is almost always permanent. We then describe participants’ paradoxical experiences, at both inclusive and special schools. The discourses show an inevitable impact on participants’ schooling, restricting their life choices and particularly their (in)activity in the mainstream job market.