CARREFOURS DE L'ÉDUCATION N°58 (2/2024)
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Le village de Bengkala en Indonésie est connu sous le nom de Desa Kolok qui signifie « village sourd ». Dans ce village, où habitent un nombre élevé de personnes sourdes en raison de la transmission d’un gène récessif (Winata et al., 1995), les personnes sourdes (koloks) et les personnes entendantes (normals) se côtoient de manière quotidienne. Il existe dans le village des stratégies d’adaptation qui donnent l’impression d’une inclusion maximale des koloks à tous les niveaux de la communauté (Vibert et Gaucher, 2020). Les données présentées dans cet article sont basées sur des dessins effectués par les élèves qui fréquentent l’école bilingue (bahasa indonesia / kata kolok) de Bengkala dans le but d’en faire ressortir leur représentation sociale de la surdité. Les dessins révèlent qu’il y a deux moyens d’illustrer la surdité à Bengkala, soit les mots et les mains, ce qui s’éloigne de la conception du rapport surdité-différence corporelle généralement présente dans les sociétés individualistes occidentales. La conclusion provisoire qui ressort des données souligne l’importance d’une représentation de la surdité comme statut social et non comme caractéristique physique.
The village of Bengkala in Indonesia is known as Desa Kolok, which means “deaf village”. In this village, which has a high number of deaf inhabitants due to the transmission of a recessive gene (Winata et al., 1995), deaf individuals (koloks) associate with hearing (normal) people in their daily lives. Adaptation strategies are in place in the village, giving the impression that the inclusion of koloks has been maximised at all levels of the community (Vibert and Gaucher, 2020). The data presented in this article are based on drawings by students at Bengkala’s bilingual (bahasa indonesia/kata kolok) school, with the aim of establishing the social representation of deafness. The drawings show that there are two means of illustrating deafness in Bengkala, i.e. through words and hands, which deviates from the concept of the deafness-physical difference relationship generally presented in individualistic western societies. The provisional conclusion drawn from the data underlines the importance of representing deafness as a social status and not as a physical characteristic.