Annales de géographie n° 709-710 (3-4/2016)
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D’immenses tours de verre luxueuses surplombant d’interminables faubourgs misérables, des embouteillages inextricables, une pollution suffocante, des attentats terroristes succédant à des tremblements de terre... Dans un monde où tous les écarts se sont creusés, l’Occident n’accorde plus aucun crédit à l’Égypte, dont la capitale de 35 millions d’habitants est agitée d’intenses soubresauts, sociaux et telluriques. Un aperçu du Caire en 2015... dans le scénario du roman de J. Nasir, Tower of Dreams (1999). Dix ans plus tard, A. Towfiq brosse dans Utopia un portrait du Caire en 2023 qui n’est guère plus réjouissant. Le territoire égyptien est scindé en deux espaces en guerre : les riches Égyptiens occidentalisés vivent retranchés dans quelques cités résidentielles fermées, tandis que le reste du territoire est réduit à un immense bidonville où croupissent des populations misérables. À la lumière des contextes actuels et de la période de production de ces deux romans, sont analysées les représentations parallèles du Caire tel que projeté dans le futur par ces récits d’anticipation à caractère dystopique.
Immense, luxurious glass towers dominating endless miserable suburbs, inextricable traffic jams, pollution, terrorist attacks succeeding earthquakes. In a world where all the gaps have become gulfs, the West no longer gives any credit to Egypt, whose capital of 35 million inhabitants is shaken by strong social and shocks : an overview of Cairo in 2015 in the scenario of J. Nasir’s novel, Tower of Dreams (1999). Ten years later, the portrait of Cairo in 2023, painted by A. Towfiq, in Utopia, is almost more daunting. There the Egyptian territory is split into two spaces at war ; the rich westernized Egyptians live entrenched in closed, gated residential communities whereas the rest of the territory is reduced to an immense shanty town where miserable populations are rotting away. In the light of the current contexts, and of the period when these two novels were written, the parallel representations of Cairo are analysed as foretellings of the future made by these dystopian narratives of anticipation.