L'Information géographique (3/2018)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Cet article est issu des résultats d’une thèse sur les spatialités des jeunes adolescents dans le contexte scolaire du secondaire obligatoire à Genève (12-15 ans). La recherche interroge le phénomène de « lutte des places » (en référence à Lussault 2009) dans le temps de la pause. Partant d’une méthode ethnographique qui croise un an d’observation et des entretiens de groupe, l’approche interactionniste contribue à dresser une micro-géographie de l’espace scolaire avec une focale sur les espaces de transition (hall, escaliers, couloirs, cour). La maîtrise des métriques et des mobilités tolérées pour accéder à et tenir une place au sein des pairs apparaît comme un apprentissage essentiel des trois années. Lorsque l’individu chute, sa position allongée, inadéquate, devient une fausse note stigmatisante. Questionner ce phénomène de la chute c’est explorer un moment grain de sable où apparaissent, par contraste, les normes qui organisent la société des pairs et les interactions convenues, les attentes en termes d’occupation spatiale et du corps « juste » dans l’espace. L’événement de la chute révèle les règles sociales et spatiales de la culture des pairs.
Drawing from an ethnographical research conducted in secondary schools in Geneva (Switzerland), this paper discusses young people’s uses of the school environment to position themselves among their peers in a context of “places struggle” (“lutte des places” by Lussault 2009). Combining a micro-geography perspective in children’s geography and symbolic interactionism from Goffman, the paper discusses a critical moment for young people: when one falls down on the schoolyard’ground. While performing the appropriate body in the right place is required to be part of the group, the event of falling hightlights the social and spatial rules of peer culture.