
Annales de démographie historique (1-2025)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
À l’aide de documents nouvellement exploités ou revisités, entre autres des archives de Szczecin et de Berlin, cet article traite de la problématique des relations entre la production statistique aux xviie et xviiie siècles et les concepts de l’époque, quand le modèle du «census» antique s’estompe. C’est à ce moment-là que la statistique vitale apparaît au premier plan, et avec elle les implications dynamiques du terme «population». Les conseils donnés dans des oeuvres destinées aux princes de la Renaissance tardive exercent une influence réelle dans ce sens, si bien qu’en 1617 le duc de Poméranie tente de franchir le pas des statistiques occasionnelles limitées à quelques grandes villes vers un bilan systématique pour un pays entier. La réalisation de ce même projet dans le Brandebourg à la fin du siècle se situe déjà dans un autre contexte, celui de l’arithmétique politique. Il reste une zone d’ombre à propos des voies de communication aboutissant à Berlin, l’hypothèse courante de l’intermédiaire de Leibniz étant écartée. En revanche, la voie de transposition dans la pratique administrative des propositions de Süßmilch au sujet de la statistique de la mortalité peut être assez bien retracée. Le concept qui est à sa base est tellement en avance sur son temps que la bureaucratie de l’époque n’en tire pas profit. Cependant, elle collecte une documentation qui est d’une forte utilité pour la démographie historique de nos jours.
The article deals with the relationship between the making of statistics in the 17th and 18th centuries and the concepts of that time. Instead of the roman “census” ideal, vital statistics came to the fore and the dynamic aspect of the term “population” with them. Thus in 1617, the Duke of Pomerania, inspired by Obrecht, conceived a project to get demographic information about his country by these means. On the background of the emergence of political arithmetics, it was up to the Prince Elector of Brandenburg to put it into practice by establishing continuous vital statistics in 1688. It was not related to Leibniz’s concepts, as other authors assumed. In the next step, the article examines Süßmilch’s role eighty years later and how his suggestions for better mortality statistics became a reality. As his intentions exceeded the scope of political practice, Prussian bureaucracy could barely use the information, so civil servants compiled mainly unexploited tables. However, these statistics provide excellent material for today’s historical demography.