
Annales historiques de la Révolution française n° 364 (2/2011)
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La réputation des Brigands de Schiller passe vite les frontières, et le public français cultivé s’intéresse à la pièce l’année même de sa création (1782). Elle est bientôt traduite ou jouée en allemand à Strasbourg. Mais son succès en France est surtout dû à la transcription qu’en offre La Martelière sous le titre de Robert, chef de brigands. Version épurée et appauvrie de l’original, elle intègre cependant en 1792 une partie des attendus du théâtre patriotique, dans un contexte de guerre et de revendications économiques favorables au message libérateur et fraternel porté par l’émule de Robin des Bois. Le succès, vérifié dans les reprises par les théâtres provinciaux et d’amateurs, est tel que des suites sont envisagées, qui n’entraînent pas la même ferveur. Surtout, le terme de «brigand» subit de rapides évolutions sémantiques et relève désormais de l’injure politique, successive ment adressée à l’adversaire royaliste puis à l’ennemi jacobin. Le théâtre porte trace de cette évolution, souvent au détriment de l’intrigue, avant que, répression politique et judiciaire aidant, sous l’Empire notamment, le personnage du brigand ne fasse plus recette.
