
Histoire, économie & société (1/2015)
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Depuis ses origines, la caricature présente une somme particulièrement riche concernant les représentations et caractérisations des inégalités sociales. À partir des années 1880, les traites ou le fameux « terme » (loyer) contaminent à ce point les légendes que l’on peut diagnostiquer un symptôme du poids de la dette dans la société. Pour autant, il semble y avoir une difficulté et/ou une réticence à représenter le crédit autrement que par les actes de saisies, expulsions ou déménagements sauvages. Le manque d’argent transparaît autant par les actions d’indigence (déménagement à la cloche de bois, prostitution, mendicité) que par la férocité des corps constitués chargés d’appliquer la Loi. La représentation de la dette dans la caricature s’articule autour de deux thèmes principaux : tout d’abord les huissiers, la saisie, violence légale incarnant un véritable viol de l’espace privé. Puis, l’expulsion déplaçant la misère vers la rue, il y a une présence notable des sans-logis traînant leur misère à fleur de pavé jusqu’au Mont-de-Piété. Ce dernier consacre la cession de l’ultime matérialité du bien possédé jusqu’à l’indigence des démunis.
Since its origins, caricature has offered us a great deal of representations and characterizations of social inequalities. From the 1880s, drafts, or the famous “terme” (rent), have pervaded captions to such an extent that we can diagnose there one of the symptoms of the debt burden heaving on the society. Yet, there seem to be some trouble or some reluctence in representing loans otherwise than with foreclosure acts, evictions and backdoor moves. The lack of money not only appears through acts of indigence (moonlight flits, prostitution, begging) but also through the virulence of the constituted bodies in charge of implementing laws. Representation of debt in caricature is based on two main themes. First, bailiffs, foreclosures, regulation violence, embodying a real violation of the private space. Then, eviction moving misery in the streets, where there really exist homeless people dragging their misery on the paved roads up to the pawnshop. The latter consecrates the handover of the last materiality of the owned good until the indigence of impoverished ones.

