HISTOIRE, ECONOMIE ET SOCIÉTÉ (1/2021)
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Cet article analyse la façon dont les historiens russes de la Révolution de 1789 pensaient la monarchie absolue française. Jusqu’à une période très récente, ils contribuèrent à entretenir le mythe de « l’autocratie royale », formé dans la presse révolutionaire et passé dans l’historiographie russe de la fin du XIXe siècle, via les écrits de Louis-Adolphe Thiers, Jules Michelet, Louis Blanc etc. Ce mythe rencontra un accueil favorable et s’imposa durablement car l’intelligentsia russe faisait un rapprochement entre la monarchie absolue et le régime autocratique du tsar. À l’époque soviétique, l’analogie entre les révolutions française et russe devint un élément central de toute réflexion sur ce sujet. Elle provoqua une forme de cécité idéologique des historiens de la Révolution française, qui refusèrent d’intégrer, dans leurs propres travaux, les conclusions publiées par leurs collègues spécialistes de l’Ancien Régime.
This paper analyzes the way Russian historians of the French Revolution (1789) thought about the French absolute monarchy. Until very recently they helped to keep alive the myth of « royal autocracy ». This myth was formed in the revolutionary press and passed on to Russian historiography at the end of the 19th century, via the writings of Louis-Adolphe Thiers, Jules Michelet, Louis Blanc, etc. It met with a favourable and lasting reception because the Russian intelligentsia made a connection between the absolute monarchy and the autocratic regime of the tsar. During the Soviet period, the analogy between the French and Russian Revolutions became a central element in any reflection on this subject. It caused a sort of ideological blindness among historians of the French Revolution, who refused to integrate, in their work, the conclusions of their colleagues working on the history of the Ancien Régime.