Histoire, économie & société (3/2008)
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La répression des conspirations militaires contre la monarchie restaurée des Bourbons en 1822 provoque un conflit politique symptomatique des ambiguïtés du nouveau régime et de sa Charte. En effet, le pouvoir mobilise la justice militaire pour suppléer la justice civile voire pour se substituer à elle. C’est un conflit fondateur pour les libéraux, parmi lesquels Odilon Barrot, qui posent les bases d’une critique de l’ingérence des militaires dans le domaine de la justice politique. Plus spécifiquement, l’étude du fonctionnement de ces conseils de guerre, bien moins expéditifs que certains pouvaient le croire ou l’espérer, permet de mieux comprendre la crise profonde qui touche l’armée de la Restauration ; crise dont rendent comptent, selon leur sensibilité, Alfred de Vigny ou Stendhal, témoins engagés de cette époque.
In 1822, the repression of military conspiracies against the Bourbon monarchy provoked an institutional and ideological conflict revealing the ambiguity of the Regime based on the Charte. In order to compensate a supposed indulgence of the civil courts, the government resorted to military justice not only in the case where the defendant was a soldier but also where he was a civilian. This triggered a conflict with the liberal opposition, with one of their number, Odilon Barrot, establishing a judicial discourse against the military interference in political justice. Moreover, the study of the military justice proceedings, less expeditious than some could have imagined, makes us understand the crisis of identity of the French army after the Napoleonic Wars, as both Alfred de Vigny and Stendhal discerned it, despite their political opposition.