
Histoire, économie & société (3/2013)
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Les midinettes, jeunes ouvrières de la haute couture parisienne, sont à la Belle Époque une figure importante de deux discours opposés qui visent à moraliser leur consommation. Les observateurs sociaux leplaysiens s’alarment d’un mode de vie qu’ils jugent dangereux pour la moralité des ouvrières et prennent des initiatives pour le réguler. À l’autre bout du spectre politique et social, la Bataille syndicaliste, journal de la CGT, consacre une rubrique quotidienne à éduquer ces jeunes consommatrices dans le but d’en faire des ouvrières conscientes de leurs pratiques d’achat. La confrontation de ces deux ensembles discursifs met en lumière les fluctuations de la définition de la morale en fonction de la classe et du sexe des consommateurs. Ces sources permettent également d’interroger le comportement des midinettes et de déchiffrer en creux certaines de leurs pratiques.
During the “Belle Époque” period, the midinettes – young female workers in the Parisian haute couture – were important figures in two conflicting narratives that aimed to moralise their consumption. The social reformers of the Leplay school worried about the seamstresses’ way of life, which they regarded as putting their morality in jeopardy. Consequently, the reformers took initiatives to regulate it. At the other end of the spectrum, Confédération Générale du Travail’s newspaper, La Bataille Syndicaliste dedicated one daily column to educate these young consumers in order to transform them into workers conscious of their purchases. The parallel between these two narratives illuminates how moral definitions of consumers fluctuated along sex and class lines. These sources also allow us to question midinettes behaviour and to read, between the lines, some of their practises.

