Histoire, économie & société (4/2014)
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Sous la Restauration, l’Église recouvre son autorité d’autrefois alors que le judaïsme est reconnu par les autorités politiques et que les juifs poursuivent leur intégration annoncée par la Révolution française. Parmi eux, un individu se distingue. David Drach est le premier rabbin bachelier, polyglotte et gendre du grand rabbin du Consistoire central. Un bel avenir s’offre à lui mais le 29 mars 1823, il est converti en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Pour l’Église, cette abjuration signifie une victoire spirituelle sur le judaïsme. Durant quarante ans, le néophyte Paul, Louis, Bernard Drach va se consacrer à l’étude comparative des deux religions. Justifiant son acte, il encourage ses anciens coreligionnaires à suivre son exemple. Bien avant les frères Ratisbonne, par une démarche savante et élitiste, il entreprend en solitaire une oeuvre pour conduire les israélites à la vérité chrétienne.Dans ses nombreux travaux apologétiques, il tente ainsi de démontrer que le catholicisme serait l’aboutissement du judaïsme et le retour à la foi originelle des Hébreux. Ses ouvrages, dont De l’Harmonie entre l’Église et la Synagogue (1844), marquent durablement les esprits du XIXe siècle et influencent encore les exégètes. Sa démarche intellectuelle et personnelle interroge cependant les historiens. Fils de l’Émancipation, David ou Paul Drach fut-il en avance sur son siècle ou son destin exprimait-il les fragilités d’un judaïsme qui s’ouvrait à la modernité ?
David, Paul Drach (1791-1865) was one of the most known Jewish converts to Catholicism of the 19th century. This rabbi, who was endowed with exceptional intellectual qualities, was poorly appreciated within his community. He chose to abandon his faith and his functions in 1823. In the Christian phase of his life he did not reject Judaism ; in fact he regarded his conversion as an attempt to find a "harmony" between the Church and the Synagogue. This passionate exegete, admired by the Popes and disparaged by his "dear Brothers of flesh", symbolizes the debates which livened up the French Jewish community during the first half of the century.