
Revue d'histoire des sciences - Tome 61 (2/2008)
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Dans la France révolutionnaire, au sortir de la Terreur, une controverse divise les anatomistes pour savoir si les têtes tranchées continuent à penser et à sentir pendant quelques instants après l’exécution. Des mouvements du visage ont en effet été observés après la décapitation. De quoi sont-ils le signe ? Qu’est-ce qui survit dans la tête ? L’irritabilité seulement, ou bien aussi la sensibilité, et la conscience? Avec l’expérience passive que constitue la guillotine, se pose ainsi de façon dramatique le problème du mode d’existence biologique de l’unité de la conscience. À la thèse d’une localisation cérébrale des conditions organiques de la sensibilité et de la conscience défendue par Samuel Thomas Sömmerring s’oppose une redéfinition organique du moi comme résultante harmonique des vies particulières de chaque fibre de l’organisme par Pierre-Jean-Georges Cabanis.
In Revolutionary France after the Terror, a quarrel divides anatomists on the issue of the residual persistence of thought and feeling in the human heads after decapitation. Movements on the face had been observed after the execution. What do they express ? What does exactly survive within the heads ? Irritability only or also sensibility and consciousness? The passive experiment offered by the guillotine dramatically questions the mode of existence of the unity of consciousness. Against Samuel Thomas Sömmerring’s thesis advocating a cerebral localization of the conditions of sensibility and consciousness, Pierre- Jean-Georges Cabanis tries to redefine the ego as a harmonic result of the many lives disseminated in every fiber of the organism.