Revue de l'histoire des religions (4/2016)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Dans ses sermons, Augustin utilise souvent la seconde personne du singulier, sans que l’on puisse toujours déterminer s’il s’adresse à un individu précis. Augustin passe fréquemment de la seconde personne du pluriel à la seconde personne du singulier, et inversement, sans rupture, c’est-à- dire sans changement de locuteur présenté comme tel. Plus que d’un « tu générique » ou d’un « tu diatribique », il s’agirait ici d’une « seconde personne du singulier collective » : Augustin s’adresse à l’ensemble de son auditoire constitué d’individus, interpellés personnellement par l’évêque. Le procédé rhétorique étudié possède un arrière-plan théologique et spirituel important, car le sermon engage ce qu’il y a de plus intime chez l’homme, sa relation à Dieu, que nul ne peut connaître sinon lui-même.
In his sermons, Augustine often uses the second person singular, though it is difficult to determine if it is for a specific individual. Augustine frequently shifts from the second person plural to the second person singular, and vice versa, without breaking, that is to say, without a change of speaker presented as such. More than a « generic you » or a « diatribic you », it would here seem to be a « second person singular collective » : Augustin speaks to his entire audience as individuals, each addressed personally by the bishop. The rhetorical process studied here has an important theological and spiritual background, because the sermon engages with that which is most intimate within man, i.e. his relationship with God, which no one can know except himself.