Langages n° 172 (4/2008)
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De prime abord, l'élément lexical livre ne semble pas le meilleur candidat pour démontrer la pertinence d’une théorie sémantique d’inspiration argumentative. En effet, tout au long des développements théoriques issus des travaux de Ducrot, des exemples très probants ont été étudiés – pour n’en citer que quelque-uns, les mots du discours, tels que mais, ou encore des adjectifs tels que prudent, vertueux, masochiste, etc., voire les proverbes – justifiant dans ces cas la pertinence d’une approche en terme d’argumentation. Ces recherches étayaient l’idée que la langue est par nature argumentative, avant d’être informative, en se centrant pour le prouver sur des enchaînements argumentatifs. Parallèlement, et c’est là que réside l’intérêt de cette application à livre , qui pourrait sembler insolite, le défi d’une telle description est de sortir des approches traditionnelles adoptée face à livre, considérant à la fois et parfois diversement le « volume » et le « texte » (voir l’article de Kleiber au sein de ce volume) : se priver finalement de la référence au profit de l’argumentation. Nous montrerons l’originalité d’une approche argumentative dans l’étude du signe livre, et néanmoins sa partielle insuffisance à expliquer les phénomènes de référenciations discursifs. Notre ambition n’est pas tant d’opposer des modèles, ou de trouver leurs intérêts face à tel ou tel phénomène, que d’en dégager la portée dans le domaine de la sémantique lexicale. Ainsi, bien que partageant avec les théories de l’argumentation la recherche d’une description qui englobe aussi bien les emplois dits figurés que les emplois dits littéraux, tout comme le constructivisme par lequel nous ferons un détour pour mettre le phénomène énonciatif au coeur de nos préoccupations, nous plaiderons finalement pour une version discursive (afin de rendre l’argumentation moins abstraite) et indexicale (pour la prise en compte de la référenciation) de l’argumentation dans la langue, dans laquelle les topoï/stéréotypes sont rapportés à leurs dynamiques d’apparition en discours.
We analyse the French noun livre laquo; book » according to an argumentative conception of language. A summary is presented of the theories of Anscombre ( Theory of stereotypes ) and of Carel and Ducrot (Theory of semantic blocks ), which are used to reveal the argumentative dimensions of livre. Argumentation is argued to derive from a common sense system (Sarfati) leading to the ascription of doxa in language governed by a topoï-based device, which corresponds to discursive object . Semiotisation is supported by phenomenological processes: the Indexicality of meaning (Lebas 1999, Cadiot and Visetti 2001) is concerned at the Linguistic level with the construction of semantic forms along three dimensions of meaning, known in the Theory of semantic forms as motifs, profiles, and themes. The contributions of the discursive levels to the constitution of a semantic form are raised in view of the phenomenon of lexical anticipation. What we call “inserted motifs” reveals the genericity of Discursive Formations. In the course of “profiling”, these motifs constitute a pre-syntactic zone of stabilisation. The “doxic profiles” allows the construction of topoï by thematisation.