
Romantisme n° 156 (2/2012)
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Le mouvement symboliste s’est construit contre un procès en mystification, instruit par une presse hostile puis par des écrivains en réaction contre les valeurs symbolistes. Suivre le fonctionnement de ce recours massif au « vieil argument de la mystification » permet de saisir combien le symbolisme se rend critiquable par l’imagination radicale des rapports entre littérature et vie littéraire qu’il promeut. Les implications ne sont pas seulement stratégiques : du point de vue des ambitions esthétiques du symbolisme, la mystification articule les plans de la vie et de la littérature et constitue un moyen privilégié pour réaliser le programme fixé par Des Esseintes : la confusion de l’art et de la vie. Cette confusion s’incarne dans des pratiques collectives et des supports, au premier chef, la petite revue, intégrant la mystification non comme vecteur d’une subversion codée ni d’une « vie drôle » mais d’une esthétique de la médiatisation de la vie littéraire.
The symbolist movement shaped itself refuting the accusation of mystification levied first by a hostile press, then by writers reacting against the values of the movement. Tracing how the massive use of this « old argument of mystification » functions is a good way of understanding how symbolism makes itself a target for criticism by radically reinventing the relationships between literature and the literary life that it promotes. The implications are not only strategic : from the point of view of the aesthetic ambitions of symbolism, mystification articulates the planes of life and of literature and constitutes an excellent tool for fulfilling the program fixed upon by Des Esseintes : the confusion of life and art. This confusion is embodied in a number of collective practices and media, foremost, the small journal, which integrates mystification not as the vector for a coded subversion nor for a “fun life” but for an aesthetic of the mediatisation of literary life.

