Romantisme n° 144 (2/2009)
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Le Bon Sens du curé Meslier paraît en 1847. C’est une imposture de Collin de Plancy qui tente de réintégrer cette figure légendaire du matérialisme athée des Lumières dans le giron de l’orthodoxie religieuse. Il réécrit sans vergogne sa vie, et lui prête des propos édifiants étalés à longueur de pages, au prix de quelques anachronismes. Imposture qui repose elle-même sur un faux, puisque les éditions irréligieuses de Meslier qui se multiplient jusqu’en 1834 ne sont que l’assemblage du traité matérialiste athée du baron d’Holbach, le Bon Sens (1772) et du Testament de Meslier dans la version déiste qu’en a donnée Voltaire en 1762. Cette fraude pieuse ne manque pas de saveur chez celui qui fut pendant les années 1820 un héraut du rationalisme anticlérical. Ainsi ne peut-on manquer de voir un étrange chassé-croisé de la trahison entre Meslier et Collin de Pancy : le curé se révèle athée à la face du monde après sa mort tandis que le libre penseur se rallie ostensiblement au conformisme religieux de son vivant.
Le Bon Sens du curé Meslier was a forgery written and published by Collin de Plancy in 1847 in order to give an orthodox façade to this legendary atheist of the French Enlightenment. With Collin de Plancy, Meslier becomes a paragon of Christian virtue with an edifying death. It must be remembered that, till the middle of the 1830s, many editions of the irreligious Bon Sens circulated. They put together two works that had nothing in common : an atheistic essay by the baron d’Holbach, the Bon Sens (1772) and the deistic Testament of Meslier edited by Voltaire. If Collin de Plancy is not the first one to betray the real opinions of Meslier, he made it in a rather dubious way, regarding his well-known action as free-thinker in the1820s.