Romantisme n°184 (2/2019)
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Le thème de la danse de Salomé, négligé par l’iconographie traditionnelle au profit de l’image édifiante de la tête coupée de Jean-Baptiste, a connu un rayonnement esthétique prodigieux à partir des années 1870 et jusqu’au début du XXe siècle. La fascination suscitée par ce thème, réduit à un couple de syntagmes verbaux dans ses sources bibliques (« elle dansa, et plut » [Marc VI, 22]), a ainsi engendré un foisonnement textuel, visuel, théâtral, musical, chorégraphique, etc. ; depuis l’Hérodias de Flaubert jusqu’à la « danse des sept voiles » dans l’opéra de Strauss et au-delà, en passant par les Salomé de Moreau, de Wilde, de Loïe Fuller, parmi d’autres. Cet article examine certains procédés transartistiques qui ont permis au corps de Salomé, anonyme et dépouillé dans les Évangiles, de devenir l’un des principaux foyers de correspondances entre les arts, à l’origine du symbolisme.
The theme of Salome’s dance, neglected by traditional iconography in favor of the edifying image of John the Baptist’s severed head, had a prodigious aesthetic influence from the 1870s until the beginning of the 20th century. The fascination aroused by this theme, merely consisting of a couple of verbs in its biblical sources (« she danced and pleased » [Mark 6:22]), has thus generated a proliferation of texts, illustrations, compositions, dances, etc. ; from Flaubert’s Herodias to the « dance of the seven veils » in Strauss’opera and beyond, through the Salomes by Moreau, Wilde, Loïe Fuller, among others. This article examines some transartistic devices by which the body of Salome, anonymous and undescribed in the gospels, became one of the main agents of correspondences between the arts, at the root of Symbolism.