Romantisme n°184 (2/2019)
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Les études portant sur les relations entre les arts négligent le plus souvent la sculpture. Cet article examine l’« hymen » de la poésie et de la sculpture à travers le cas de Rilke qui, au contact de Rodin, a tenté de profondément transformer son œuvre. Tout en proclamant l’hétérogénéité de la sculpture et de la poésie, Rilke, dans un geste solennel, dédie au sculpteur ses Nouveaux Poèmes [II] (Der neuen Gedichte anderer Teil, 1908). Il propose de prendre Rodin comme « immense exemple », alors même que le recueil ne décrit jamais les œuvres du sculpteur, mais les effleure de loin. Prendre Rodin pour modèle, c’est peut-être tenter de créer à la manière du sculpteur, mais c’est aussi inviter à lire comme Rodin lit les Fleurs du mal, en sculpteur. Les mains du lecteur qui touchent le poème pour explorer ses reliefs, continuent alors de créer le texte.
Most of the time word and image studies neglect sculpture. My article, examining Rilke’s case, probes the « hymen » between poetry and sculpture. The poet, through contact with Rodin, endeavours to deeply transform his poetry. Whilst Rilke proclaims the heterogeneity that separates sculpture and poetry, he dedicates to the sculptor his New Poems [ II] ( Der neuen Gedichte anderer Teil, 1908). He makes Rodin his « vast example », although the collection never describes the sculptor’s works but only brushes against them from afar. To make Rodin one’s model might mean to try to create in the same way the sculptor does, but it might also invite to read in the same way Rodin reads the Flowers of Evil : like a sculptor. Thus the reader’s hands, touching the poem to explore its reliefs, continue to create the text.