Romantisme n°184 (2/2019)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Mallarmé et Claudel, malgré leurs différences poétiques et existentielles, peuvent se rejoindre dans l’attention qu’ils ont portée à un objet particulier : l’éventail. Ainsi Mallarmé l’utilise-t-il comme support de courts poèmes, quand Claudel lui rend hommage dans l’inspiration orientale qui a guidé ses Cent phrases pour éventails. Malgré l’hétérogénéité des supports qui ont vu naître ces poèmes – éventails réels ou livre japonais – l’objet ailé concentre des problématiques communes aux deux poètes. Volonté de dépasser la lourdeur éditoriale et émancipation des règles graphiques font souffler un vent de liberté sur ces textes, rythmés de battements nouveaux. Pliant la plume et l’encre aux exigences du visuel, voire la syntaxe à l’influence de la pensée japonaise, les poètes révèlent au prisme de l’éventail une réflexion esthétique qu’il est fécond de relire dans son contexte original d’écriture.
Mallarmé and Claudel, despite their existential and poetic differences, do come together in the attention both paid to a specific object : the fan. Mallarmé uses it as the support for short poems, while Claudel honours it with the oriental inspiration behind Cent phrases pour éventails. Despite the heterogeneity of the supports which gave birth to these poems – real fans or Japanese books – the winged object concentrates in itself issues common to both authors. The desire to escape the heavy weight of editorial constraints and to emancipate oneself from graphic rules blows a wind of freedom in these texts, which beat to new rhythms. In submitting pen and ink to the requirement of visuality, or even syntax to the influence of Japanese thought, the poets reveal through the prism of the fan an aesthetic reflection on writing it is rewarding to read again in its original context.