Romantisme N°199 (1/2023)
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L’article aborde la question du « droit comme littérature » en traitant de la défense en vers dans les tribunaux français au XIXe siècle. À partir d’un corpus documentaire élargi, il propose des éclairages neufs sur cette pratique insolite qui se révèle plus importante que prévu. Née sous la Restauration, elle traverse tout le siècle et se maintient jusqu’aux années 1930. Mais ses acteurs, sa signification et les réactions qu’elle suscite se modifient. Jusqu’aux années 1850, elle est marquée par une étroite solidarité entre poésie et politique, ce qui explique qu’elle puisse susciter la ferveur. Mais la figure du poète engagé dans la défense de la liberté d’expression cède ensuite la place au délinquant : la défense en vers se dépolitise tandis que les journaux y voient une expression des bas-fonds et tournent en dérision ces prouesses d’audience, illustrant la séparation croissante des espaces du vers et de la prose.
This paper focuses on “law as literature” by examining verse defences in 19th century court trials. Using an extended documentary corpus, it brings new light to bear on an unusual practice actually more common than one would have thought. First used during the Restoration, it persisted throughout the century and into the 1930s. But its agents, meaning and the reactions it solicited changed. Until the 1850s, it is characterised by the strong links it makes between poetics and politics, which can explain the fervour it arouses. But the figure of the poet committed to the defence of the freedom of expression then gives way to that of the delinquent: verse defences depoliticise, while the press depicts their origins in the dregs of society and pokes fun at such feats of verbal dexterity showing up at trial, thus highlighting the growing separation between verse and prose.