Carrefours de l'éducation n° 39 (1/2015)
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Cette contribution s’attache à expliciter la manière dont les recherches collaboratives que nous menons avec des professionnels de l’éducation et de la formation mobilisent une clinique, entendue comme une démarche d’action et de connaissance. Nous nous appuierons pour ce faire sur une recherche fondamentale de terrain, menée auprès d’enseignants d’éducation physique et sportive de l’académie d’Aix-Marseille et s’originant dans la prise en charge d’une demande, émanant de l’Inspection Pédagogique Régionale : comment améliorer l’impact des interventions en formation continue sur le travail quotidien des enseignants ? Bien évidemment, l’existence d’une demande transforme sensiblement la position du chercheur, d’abord par le renoncement au confort procuré par l’élaboration et la conduite de problématiques guidées suivant des considérations purement théoriques et expérimentales. Cette posture du chercheur intervenant dans une situation concrète et dans un but défini, confronté à la nécessité d’agir sur des objets qui ne sont pas donnés, qu’il lui faut construire à partir de la demande formulée, a des conséquences fortes sur ce dernier. Il lui faut intégrer à sa démarche l’existence et l’activité des acteurs de la situation dans et sur laquelle il intervient, sujets à part entière et non objets eux-mêmes de la recherche et accepter les interactions entre l’objet étudié et le déroulement de l’analyse. Les effets et les résultats de cette intervention-recherche sont discutés dans la dernière partie de l’article. Concernant les premiers, on soutient que l’intervention, à travers les situations qu’elle crée et leur transformation, ouvre sur un triple développement : celui des situations de travail examinées, celui des sujets impliqués, et celui du collectif mobilisé. Concernant les résultats, on montre comment l’analyse des « traces » développementales produites par cette remise en chantier de l’activité ordinaire permet d’ouvrir une trappe sur les organisateurs de l’activité enseignante.
This article aims at articulating the way collaborative research undertaken with educational and training professionals calls upon a clinical practice, understood as an approach combining action and knowledge. We will use field research undertaken with Physical Education teachers in the Aix-Marseille académie (educational institution geographical subdivision) and originating in a response to a request from the Regional Pedagogical Inspectorate: how to improve the impact of professional training on teachers’ daily work? Obviously, the fact of the request changes the researcher’s position, first because it implies not having the comfort of elaborating and developing a problematics based purely on theoretical and experimental considerations. Intervening as a researcher in a concrete situation and with a definite goal, having to influence objects that are not given but have to be constructed in answer to a need, has considerable impact on the researcher in question. S/he needs to integrate within his approach the existence and activity of the agents of the situation in which s/he is being asked to intervene as subjects and not as objects of study, and accept interaction between the object under study and the development of the analysis. The effects and results of this study cum intervention are discussed in the last part of the article. Regarding the effects, we think that intervention, through the situations it creates and their transformation, opens onto three possible developments: that of the work situation under study, that of the subjects implicated in the work, and that of the collectivity mobilised by the situation. Regarding results, we show that the analysis of “traces” of development produced by putting ordinary activity back under study can lead us to an understanding of the organisers of teaching activities.