CARREFOURS DE L'ÉDUCATION N°54 (2/2022)
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Art martial dansé autrefois pratiqué par les esclaves, le Moringue véhicule un patrimoine mémoriel réunionnais qui se transmet de façon confidentielle par les Maîtres. Ses modalités de pratique se déploient en marge des espaces communautaires et culturels et oscillent entre le rituel ancestral, les arts martiaux de spectacle et le sport compétitif : sa place en EPS à l’école primaire demeure exceptionnelle. À quelles conditions cette pratique patrimoniale peut-elle faire l’objet d’une médiation de savoirs scolaires ? Une recherche-action (deux ans ; deux classes de CM1‑2 et CP) engage une démarche didactique fondée sur la (dé/re-) contextualisation de la pratique : les élèves identifient alors les savoirs générés. Les résultats montrent qu’engagés dans une démarche auto-constructive, ils questionnent leur rapport aux autres, à soi et aux savoirs tout en prenant conscience de la dimension patrimoniale de la pratique culturelle. Cette étude questionne tant la formation des enseignants du primaire que la modalité didactique « arrangée » et « adressée » des pratiques locales prises pour référence.
A martial art which used to be danced by slaves, moraingy (moringue in French) conveys a Reunionese memorial inheritance (patrimony) whiose transmission by its masters is confidential. Its practitioners function at the margins of communal and cultural loci and its modalities switch between ancestral rite, spectator martial arts and competitive sport: its place in PE in Primary school remains exceptional. What are the conditions for this patrimonial practice to be mediated through knowledge imparted in school? Two years of action research with two classes (CM1‑2 and CP, roughly years 5‑6 and year 1 in terms of age groups) were engaged in, using a didactic method based on the (de/re-)contextualisation of the practice: the pupils then identify the knowledge imparted. Results show that when engaged in with an auto-constructive method, pupils put into question their relationships with others, themselves and knowledge at the same time as they become aware of the patrimonial dimension of the cultural practice. This paper puts into question the training received by primary teachers as well as the “organised” and “directed” didactic modalities of the local practices used as a reference.