LITTÉRATURE Nº215 (3/2024)
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La singularité et la force de l’oeuvre de Judith Schlanger, telle qu’on peut la suivre dans son temps long, tiennent à l’attention que cette oeuvre porte aux temporalités et aux champs divers de « l’invention intellectuelle » : considérer celle-ci comme une « activité poétique », consiste à s’attacher aux redistributions profondes qui marquent diversement les présents de la pensée. Le neuf, l’oubli, la reprise qui déplace, sont l’objet d’investigations attachées à la vertu du langage dans la constitution de « la mémoire des oeuvres ». Explorer la mémoire culturelle impose de se déprendre du temps comme durée séquentielle au profit de la fécondité d’une « coexistence focalisée ». L’anachronique peut devenir une carrière pour la compréhension des temps et des présents, en particulier par l’intensité conjointe d’une lecture et d’une écriture, comme en témoigne la lecture de La Guerre et la paix que Judith Schlanger donne dans Une histoire de l’intense.
The singularity and strength of Judith Schlanger’s work, as we can follow it over time, lies in the attention it pays to the diverse temporalities and fields of “intellectual invention” : to consider this as a “poetic activity” is to focus on the profound redistributions that mark the various presents of thought. The new, the forgotten, the resumption that displaces, are the object of investigations focused on the virtue of language in the constitution of “the memory of works”. Exploring cultural memory means abandoning time as a sequential duration in favor of the fruitfulness of “focused coexistence”. The anachronistic can become a quarry for the understanding of times and presents, in particular through the joint intensity of reading and writing, as Judith Schlanger’s reading of War and Peace in Une histoire de l’intense testifies.