Alors que la politique de la concurrence communautaire, inspirée par la doctrine ordolibérale, cherche à limiter l’intervention des autorités publiques dans l’économie à la création d’un cadre favorable à l’activité économique, la politique industrielle part de la nécessité d’une action volontariste de renforcement de la structure industrielle. Elle encourage donc l’adoption de mesures spécifiques, destinées soit à certains secteurs (secteurs en crise, secteurs de pointe), soit à certaines opérations (fusions européennes, recherche-développement). Si un groupe ordo-libéral allemand parvient à développer assez rapidement une politique communautaire de la concurrence à partir de 1962, il a beaucoup de mal à l’appliquer par la suite. Cela laisse le champ libre au gouvernement français et surtout à un réseau franco-italien au sein de la Commission européenne pour développer des initiatives en matière de politique industrielle. Un conflit entre deux conceptions de l’Europe économique, l’Europe de la politique de la concurrence et l’Europe de la politique industrielle se développe alors au sein même de la Commission européenne. Il se perpétue encore aujourd’hui.