LITTÉRATURE Nº214 (2/2024)
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Placé sous le signe de la vue, Le Voyeur d’Alain Robbe-Grillet est rempli de multiples descriptions méticuleuses du même fantasme ou souvenir. Pourtant elles ne présentent presque jamais que des scènes figées. Tout se passe comme si la force évocatrice de la violence ne pouvait pas être portée par le regard, et comme si l’ouïe était le seul sens qui puisse porter l’activité fantasmatique jusqu’au point culminant de la pulsion sadique. L’article propose un nouveau parcours de lecture selon la méthode textanalytique chère à Jean Bellemin-Noël pour dévoiler une dimension auditive inaperçue, qui collabore avec le visuel dans le noyau fantasmatique du récit.
Alain Robbe-Grillet’s Le Voyeur (The Voyeur), dedicated to the sense of sight, is full of highly detailed descriptions of the same fantasm or memory. Yet they hardly ever present anything else but frozen, rigid scenes. It is as though the evocative force of violence could not be carried by sight, as if hearing were the only sense capable of carrying fantasizing to the ultimate point of the sadistic pulsion. This paper enacts a new reading using Jean Bellemin-Noël’s textoanalytic method, in order to reveal its undetected auditory dimension, which cooperates with the visual fantasmatic core of the narrative.